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Moi à côté de moi
13 décembre 2009

Mémoire blanche

La tempête, dehors, en dedans, autant sur la route que dans ma tête. Les essuies-glace qui vont et viennent, bruit de caoutchouc sur la vitre, la blancheur aveuglante de l'horizon. Moi, perdu dans mes pensés autant que dans le blizzard.

 

Un pincement au cœur, une phrase qui se répercute dans ma tête « Elle ne m'aime pas ». En route vers le travail, toujours entrain de me demander comment je fais pour continuer, comme si rien ne s'était produit. La visibilité est nulle sur la route, je ne distingue que les silhouettes des voitures lorsque leurs phares atteignent le début du capot de ma voiture.

 

Mon histoire est comme celle de tous les autres dont l'amour est passé de l'espoir, s'élevant vers certains cieux pour finir en descente hivernale. J'y ai cru de toutes mes forces, cet étrange bonheur. Mais en un clin d'œil, elle a décidé que je n'étais pas ce qu'elle voulait, que je n'étais pas assez bien pour elle, pas ce qu'elle attendait de la vie. Non, en fait, elle ne m'a donné aucune raison si ce n'est qu'elle ne savait pas ce qu'elle voulait. De mauvaises nuits d'insomnie, de tristesses, de oui-dires, de « Peut-être que si ». Et maintenant des journées à faire semblant que tout va bien, à continuer de faire tourner tout mon monde pendant que je suis poignardé de l'intérieur. Comme j'aimerai oublier, comme j'aimerai ne plus me souvenir que je l'aime.

 

J'essaie de garder mon attention sur la route ou plutôt de garder la voiture sur celle-ci, quand mon attention est attirée vers une ombre pas très grande sur le bord de la route. An milieu de cet enfer blanc se tient un jeune enfant, le pouce vers le haut. J'arrête la voiture sur un semblant de bordure.

- Où tu vas jeune homme?

- Waterloo.

- Allez, ne reste pas là! Entre te réchauffer un peu.

Son visage me semble familier. Il ne semble pas avoir plus de 10 ans. Je reprends la route, essayant de camoufler l'inquiétude ressentie à la vue du visage de l'enfant. Étrangement, il me ressemble à son âge. J'essaie de discuter pour détendre l'atmosphère

- Je m'appelle Marc

- Moi aussi.

- Tiens, c'est drôle hein! On a le même nom. Et tu vas te rendre où par un temps pareil?

Il ne répond pas à la question et se contente de regarder dehors.

- Dis, est-ce que tu vas bien?

- Mieux que vous, c'est certain...

Il s'écoule presqu'une minute avant que je me décide de parler à nouveau.

- Comment ça, mieux que moi?

- Vous avez de la peine, vous ne comprenez pas pourquoi les choses se passent ainsi et vous avez l'impression que l'amour est injuste avec vous.

 

Je m'empresse d'arrêter la voiture sur le bas-côté de la route. Pendant un court instant, je fixe les rafales de neige. On peut voir des lames de vents et mêlées aux flocons flotter sur la chassée blanche. Puis je me tourne vers lui.

- Qui es-tu? Que sais-tu à propos de moi?

- Cela n'a pas vraiment d'importance. Ce qui en a pour le moment, c'est vous.

Je me fâche et élève la voix.

- Tu n'y connais rien à ma vie! Fout le camp, sors de ma voiture!

- Je peux vous aider! Si l'on vous donnait la chance de tout oublier, la prendriez-vous?

 

Sa voix semble sincère et suppliante. Je sors de ma voiture et j'ouvre brusquement la portière du côté passager.

- Va-t'en, allez, trouve quelqu'un autre à emmerder!

- La douleur, je peux vous aider à l'oublier.

 

Épuisé par dix-mille émotions, je m'agenouille sur le sol.

- Si tu savais comme je suis fatigué d'essayer..

- Tout ira bien maintenant.

L'enfant pose ses deux mains sur mes tempes.

 

Ce même matin, je ne me suis jamais présenté au travail. Et 2 mois plus tard, le propriétaire de mon logement a reloué celui-ci, puisqu'il ne m'a jamais revu.

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