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Moi à côté de moi
28 décembre 2008

Ici, voyez vos rêves

C'est en trouvant la petite annonce dissimulée dans la rubrique « divers »  que je me suis rendu dans l'un des endroits les plus délabrés de la ville. Une simple annonce qui avait su faire son chemin jusqu'au tiroir de mes désirs, dissimulé  dans ma boîte à penser: « Ici, l'on vous montre vos rêves!» Je n'y croyais pas vraiment, comme si l'on pouvait connaître mes désirs, j'avais déjà de la difficulté à me cerner moi-même.


En entrant dans l'immeuble, j'ai flairé immédiatement l'arnaque. Les murs délavés étaient recouverts d'une affreuse peinture verte cramoisie et le vestibule empestait l'urine. Un homme corpulent, arborant une barbe non taillée depuis quelques jours et une chemise éclaboussée de taches de ce que je présumais être du ketchup et de la moutarde, attendait accoudé sur un bureau en regardant un poste de télévision noir et blanc.


Je m'approchai de lui. Sans dévier les yeux de son foutu écran, il m'adressa la parole.

- C'est à quel sujet? me dit-il sur un ton exaspéré signifiant que je le dérangeais pendant qu'il regardait la créature de Frankenstein revenir à la vie.

- Je... Je viens  voir mes rêves répondis-je avec un manque d'assurance flagrant.
- Oui, c'est vrai que tout le monde ne fait que cela ici, venir voir ses rêves. Première porte à gauche dans le couloir et par pitié, ne vous approchez pas du miroir!

Je poussais la porte  pour entrer dans une pièce complètement vide de la taille d'une petite chambre à coucher. Les murs blancs étaient tous vides à l'exception de l'un d'eux où un miroir occupait presque la totalité de sa superficie. J'attendis quelques minutes, observant mon reflet quand la lampe s'éteignit. Inexplicablement, dans le miroir, la lumière de la pièce était restée ouverte, mais je n'y distinguais plus mon reflet. Puis, de l'autre côté de la vitre, je vis la porte de la pièce s'ouvrir et une femme entra pour se placer au même endroit que moi. Pourtant, elle n'était pas ici avec moi.

C'est en m'attardant sur physionomie, que tout s'est mis à aller de travers pour mon corps, comme si je venait de griller un circuit. Mon coeur s'est mis à battre comme si j'étais entrain de courir un marathon.

C'est que la femme que je voyais à l'instant, je l'avais déjà vue dans le passé, plusieurs fois, mais jamais dans le monde réel. Je l'avais vu un nombre incalculable de fois, dans mes rêves. Elle était si jolie et semblait si douce que même en parcourant la terre entière, je n'aurai été capable de rencontrer son égal.

Tranquillement elle s'avançait  vers le miroir regardant dans ma direction puis elle déposait sans main sur celui-ci. À mon tour, je déposai ma main à la hauteur de la sienne sur la vitre frigorifiée.  Elle se mit à parler, mais  aucun son n'arriva dans la pièce. Un sentiment incontrôlable de l'étreindre m'envahit, tellement que j'en perdis toute logique. Je regardais autour de moi espérant trouver un objet pour fracasser le miroir mais il n'y avait rien dans la pièce. J'étais convaincu qu'elle était là, tout près derrière la vitre.

Je lui fis signe de reculer, j'allais briser le miroir avec mon poing. Elle eu l'air affolée, mais il était déjà trop tard. Mon poing fracassa le miroir qui volait en éclats dans la pièce. Puis les lumières s'allumèrent. À l'endroit où reposait le miroir, il y avait seulement un mur blanc pour répondre à mes attentes.

La panique m'envahit, je l'avais perdue! Elle! Je m'accroupis, essayant de recoller les morceaux. L'homme que j'avais rencontré plus tôt était maintenant dans la pièce à mes côtés.

- Encore un autre qui a brisé le miroir. Vous lisez mal les annonces! Vous êtes tous pareils! Ici, on vous montre vos rêves, l'on ne vous les donne pas!

Mais je ne l'entendais pas. J'étais trop perdu à essayer replacer les morceaux dans lesquels je ne voyais plus que mon reflet

.D__clats_

 

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