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Moi à côté de moi
15 novembre 2009

Cube de glace

Quand je me suis éveillé, j'étais couché sur un sol glacé. Terriblement glacé. Tellement qu'il était recouvert de givre. Les murs aussi. En fait, toute la pièce était dans cet état. J'ai d'abord cru à une chambre froide, mais il y avait un mobilier, complètement recouvert de givre lui aussi. Puis je me suis levé. Nu comme Adam. Étrangement, je n'avais pas froid, aucun frisson. Je me suis mis à regarder autour pour trouver des vêtements. Tout était gelé, impossible d'ouvrir les tiroirs de la commode. Alors je suis sorti de la pièce après m'être battu avec une porte glacé. Partout, que du givre. La lumière du soleil qui traversait les fenêtres diaphanes donnait un aspect irréel à l'endroit que je reconnus puisqu'il s'agissait de mon appartement. Que c'était-il passé? J'essayai de démarrer le chauffage puis le four, mais sans succès, le courant semblait absent. J'ai dû prendre l'un de mes manteaux et l'enrouler, givré, autour de ma taille. Mon corps ne semblait pas souffrir du froid, ni même d'engelures. Je me suis risqué dehors pour constater que tout était recouvert d'un couche de givre blanc à perte de vue. Aucun mouvement, aucun signe de vie, seulement un paysage désertique. Je me suis mis à déambuler dans mon quartier à la recherche d'une âme qui vive quand je me suis arrêté pour examiner une camionnette arrêtée au milieu de la rue. À l'intérieur je pouvais voir 4 personnes, sûrement un couple et leurs enfants. Un spectacle effroyable s'offrait à ma vue. Ils étaient complètement glacés, les visages tordus de douleur à cause d'une mort qui avait due être très souffrante. Je me suis éloigné du véhicule en courant pour me diriger vers l'hôpital où Léa, ma compagne de tous les jours devait être. J'espérais la trouver, encore vivant. Pouvoir la prendre dans mes bras. J'avais l'impression qu'il s'était écoulé une éternité depuis la dernière fois que je l'avais embrassée. J'étais même incapable de me rappeler quand je m'étais endormi et je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis. Dix minutes de course m'avaient fait découvrir une ville glacée, un champ de bataille, d'amas de tôles écrasées, de cadavres frigorifiées. J'arrivai à l'hôpital et je dus fracasser une vitre de porte automatique avec la marchette d'un vieillard congelé sur la pelouse près de l'entrée. Je crois même que l'un de ses doigts est resté collé sur celle-ci. J'entrai et me mis en course vers le service des urgences. En arrivant dans la pièce ne puis qu'assister, impuissant, à la scène figée, d'une cinquantaine de personnes mortes dans les douleurs plus atroces. Puis je vis Léa, plâtrée dans le givre. Elle n'avait pas l'air d'avoir vraiment souffert. Elle avait le regard d'une personne résignée, immortalisée debout au milieu de la salle d'attente. La lumière filtrée par la glace lui donnait l'aspect d'un ange figé dans l'éternité. J'aurais aimé la prendre dans mes bras une dernière fois mais j'avais trop peur qu'elle se brise, que son corps éclate à mon contact. Je me suis mis à pleurer. Mes larmes gelèrent avant même d'avoir touché le sol. Je suis sorti de cet endroit et j'ai marché longtemps, vers le Sud, espérant trouver de la vie. Après quelques jours je marche, j'ai vu au loin un paysage verdoyant. Puis des gens et des véhicules militaires qui semblaient former un barrage routier aux limites des terres givrées. Je me suis dirigé vers eux. - Hé, y'a un survivant! Toi, viens ici! Les militaires semblaient affolés. J'étais à moins de 5 mètres d'eux quand j'ai posé un pied sur le gazon. À son contact, le givre s'est mis à avancer, à glisser sur le terrain et à grimper rapidement sur toutes les personnes présentes qui sont mortes en hurlant dans une confusion totale. Pourtant, moi j'étais encore là. Encore vivant. J'étais effrayé. Je ne comprenais pas ce qui ce passait. En regardant autour de moi sur le sol givré, j'ai vu une marguerite qui avait été épargnée. Je me suis penché pour la cueillir. Ce n'est qu'en entrant en contact avec elle, que j'ai compris. À mon toucher, celle-ci s'est congelée. J'ai posé mon regard vers le paysage verdoyant, puis de l'autre côté vers le chaos désertique. Finalement je suis retourné vers le nord sachant très bien que je ne pourrais plus jamais être en présence de vie autour de moi..
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