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Moi à côté de moi

1 avril 2014

Code bleu

Étendu, sur le sol, froid. Il y avait des gens qui couraient dans tous les sens. La panique total, mais personne ne s'arrêtait. Sauf le temps. Pour moi. Impossible de dire depuis combien de temps je suis là. Mais je ne peux plus bouger, les forces me manquent. Je vois des gens , surtout des enfants, qui se bousculent pour aller vers la sortie la plus proche. Enfin, je présume qu'ils vont vers la sortie, mon champ de vision est très limité, puisque je suis étendu sur le côté gauche. Je les vois juste fuir en essayant de m'éviter, puis disparaître. Certains doivent crier, parce que je vois bien leur bouche s'ouvrir, mais je n'entends aucun son. Petites filles et garçons pleurent en courant. J'ai l'impression de jouer dans un mauvais film où je suis le banal figurant, M. Nobody et que ma scène est terminée.

 

Tiens, il y a bien une sensation maintenant, quelque chose de chaud, liquide, qui coule sous mon flanc gauche. Gluant, visqueux, rouge. Je pense que c'est mon sang. Je suis entrain de me vider de mon sang sur le plancher. C'est ça! Je ne croyais vraiment pas que j'allais finir comme ça.. c'est qu'il commence à en avoir beaucoup et comme personne ne s'arrête, je me doute bien que je vais finir par y passer. J'ai l'impression de flotter sur un océan rouge écarlate. Je ne me souvenais pas que mon sang avait une couleur si attrayante. Je devrais peut-être m'y laisser sombrer. Il commence à faire sombre et la chaleur y est attirante. Si je dois y aller, pourquoi mon dernier soupir devrait être inconfortable. Je ferme les yeux.

 

Puis, une sensation de tapotement. Quelqu'un m'agace, crie dans mes oreilles. Moi qui pensait que je n'entendais plus rien, j'entends pleurer, mais ça semble très loin. le bruit assourdissant d'une alarme d'incendie enterre la voix d'une fillette. Puis un cri étouffé. Un homme passe devant moi et il tire la petite fille d'une main, brandissant un pistolet automatique dans une main. Un G18, je crois. Comment a-t-il fait pour se procurer une arme de ce genre? Je veux dire, ce n'est pas banal d'avoir une arme de ce type. La petite se débat mais il lui serre le poignet d'une force excessive. Si ce n'est pas cassé, ça va laisser une marque pour sûr.

 

 

J'essaie de trouver dans ma mémoire ce qu'il est arrivé pour que je sois dans cette posture. Je commence à trouver cela très désagréable. L'agresseur lui a mis l'arme sur le front de l'enfant. Je crois que je n'aurais pas le choix, paradis ou pas, je vais devoir sortir de ma marre, parce que je ne me pardonnerai pas d'avoir laissé tomber cette petite. L'homme a le dos tourné vers une porte et crie des injures à qui veut bien l'entendre. Où est mon pistolet? Oui, c'est ça, dans ma main, baigné dans le sang. Les images sont floues. Un code bleu...une course dans des corridors remplis de casiers à chercher. Puis une alarme de feu. Des enfants qui sortent des salles de classes en pleurant, en hurlant. Deux balles. Une épaule en bouillie et des cotes éclatés. Je me suis fait prendre comme un débutant.

 

Ma main agrippe le pupitre près de moi, je ne sais même pas comment je réussis à trouver la force de me lever. J'ai perdu du sang, beaucoup trop. Je lève l'arme et j'essaie de viser ta bien que mal la tête. J'ai l'impression de sentir chaque battements de mon cœur dans mon index. Je n'aurais jamais cru que d'appuyer sur une détente pouvait être aussi pénible. Une déflagration, l'homme s'écroule sur le sol, le crâne en bouillie. La petite a le visage éclaboussé de restants de chair et de fragments de cerveau.

 

Elle se met à hurler et à pleurer près de l'homme, puis se blottie auprès de lui. Elle lève la tête, à la recherche d'une aide quelconque. Je commence à comprendre, qu'elle ne viendra pas m'aider.

-Papa, reste!

 

Moi qui pensait avoir la conscience tranquille. Je me demande s'il y a un paradis pour les gens comme moi...

 

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1 janvier 2014

Sable noir

 

 

Il n'avait pas eu le choix. La tempête s'était formée sous ses yeux en l'espace de quelques secondes. Sur un terrain plat à découvert, il s'était agenouillé et il avait planté son glaive dans le sol, avec l'espoir de s'y maintenir, baissant la tête vers le bas afin d'éviter de prendre la bourrasque de plein fouet. Du sable, du sable noir qui dévastait tout sur son passage, qui avalait la nature, détruisait les récoltes et ainsi dire, la vie à petit feu. Mais il n'avait pas vraiment eu le choix, le souverain avait été très clair à ce sujet. Il devrait réparer les pots cassés ou être excommunié. Perdre la seule chance qu'il avait d'être de nouveau avec elle. Si le pays se mourait de faim, il en était le seul responsable et il avait déjà été prévenu des conséquences.

 

La première bourrasque qui le frappa de plein fouet lui fit l'effet d'une gifle foudroyante. Autour de lui, la lumière du jour semblait avoir été dévorée par le néant. Le bruit du vent et des sables était assourdissant. Des morceaux d'herbe se détachaient du sol et plusieurs débris de bois vinrent le percuter. Par chance, la cotte de maille qu'il portait réduisit considérablement les impacts. Il prit sa cape et s'en couvrit la moitié de la figure, espérant pouvoir reprendre son souffle et respirer un peu mieux. L'air était glacé et sa peau commença à souffrir de la morsure du froid. Il parvint à sortir l'artefact de que mage de la cour lui avait donné à la veille de son départ. Au milieu de ce désert de cendres, l'objet ayant la forme d'un simple caillou se mis à émettre une lumière d'un blanc maculé. La vison de l'homme était toujours embrouillée par le sable mais il pouvait maintenant voir où il posait les pieds. Il progressait lentement sur un semblant de route, espérant qu'il ne tomberait pas dans un précipice, avant d'avoir accompli sa mission, doutant qu'il avait même les compétences pour réussir. Une souche emportée par les vents vint lui percuter le genou droit et il s'affala sur le sol.

 

C'est tentant de se relever qu'il reconnu le murmure de sa voix. Il n'avait compris ce qu'elle avait dit,

mais une bulle vide de sable s'était formée autour de lui, d'un diamètre d'environ une quinzaine de mètres. La tempête faisait toujours rage autour de la bulle mais l'espace dans lequel il se trouvait semblait protégé comme un champ de force invisible. Puis une ombre aux courbes féminines sortit de ce néant de colère pour s'introduire dans ce refuge. Une femme, dont le sable noire recouvrait entièrement la peau, entrant et sortant comme si son corps le respirait, l'expirait, l'absorbait. Sa femme.

 

- Mérin, tu m'as abandonnée!

Il se demandait s'il l'avait entendue prononcer les mots ou s'ils s'étaient introduits dans sa tête.

 

- Tu sais très bien que non, je n'avais pas d'autre choix que de partir. Quand le monde crie l'injustice, nous devons tous aller nous battre pour nos convictions. Je devais partir afin que tous nos enfants puissent voir des jours meilleurs. Je t'ai toujours aimé, tu le sais bien.

 

- Mais tu es mort à la guerre, dit-elle. Des hommes m'ont ramené ta dépouille! Tu m'avais juré que tu reviendrais! Tu devais revenir pour moi!

 

Et elle disait la vérité. Il avait été transpercé par une lame et on lui avait arraché le cœur. Le vieux mage avait utilisé le peu de pouvoir qui lui restait pour le ramener à la vie un certain temps afin de faire entendre raison à Sofia. Et elle était maintenant devant lui, toujours aussi magnifique malgré son apparence spectrale. En apprenant sa mort, elle avait sombré dans la tristesse puis la colère. Elle avait libéré un pouvoir qui avait été jalousement gardé par sa famille pendant des siècles. La dernière arme contre les envahisseurs s'était maintenant retournée contre le monde entier. Tout cela parce qu'il était mort. Parce qu'elle n'avait pas su faire son deuil. Toute cette mort...parce qu'elle l'aimait toujours.

 

- Je suis là maintenant, je ne sais pas pour combien de temps, mais je suis là pour toi dit-il. Je viens te demander pardon. .. pardon de m'être fait tué. Je t'aime. Tu le sais bien.

 

Le sable qui recouvrait le visage de sa femme commença à tomber, laissant place à son visage sans âge, d'une beauté immaculée. Elle s'avança lentement vers lui.

- Tu m'as tellement manqué. J'ai souffert de ton absence. Des larmes noires perlèrent sur ses joues. Elle s'approcha de lui et il la prit dans ses bras.

 

-Tu m'as manquée à moi aussi. Il restèrent enlacés pendant un moment sans rien dire. Autour d'eux, la tempête continuait à faire rage. Il avait la chance de lui faire ses adieux de la bonne manière. Il pouvait être avec elle pour une dernière fois.

 

- Reste, dit-elle.

- Je ne peux pas, tu connais bien ce sort, il n'y en a pas qui dure éternellement...

 

Du sable noir s'introduisit dans la bulle de protection. Mérin de pouvait plus rien voir, pas même ses mains.

 

- Arrête, s'il te plaît! Tu sais bien que l'on n'y peu rien, s'écria-t-il. Je ne pouvais pas rester avec toi pour toujours! Son âme elle-même était brisée. Il n'avait pas le goût de la quitter mais il n'avait aucune option. Il prit son arme et la transperça en même temps que lui. Tous les deux tombèrent à genou sur le sol.

 

Brusquement, la tempête s'arrêta et le soleil apparut immédiatement. Le sable noir se dispersa au vent. C'était comme si rien ne s'était produit. Le chaos n'était plus. Ils étaient maintenant étendus sur le sol, elle sur lui.

 

- Pourquoi, dit-elle.

- Nous nous retrouverons de l'autre côté, seulement toi et moi, à jamais, dit-il. La figure de Sofia était collée contre la sienne et ses longs cheveux noirs brouillaient sa vue. Il sentait ses lèvres sourire contre sa joue.

 

Elle murmura une dernière fois avant qu'il sombre dans le néant : « Je t'aime ».

 

 

 

 

14 septembre 2013

Mort en sursis

Lorsqu'il s'est présenté à moi, j'ai tout de suite su que c'était le bon profil pour faire l'opération. D'après les cernes sous les yeux je pouvais déjà dire que cet homme avait certains symptômes de cette affection que je cherchais à enrayer depuis quelques décennies. En l'observant plus attentivement, l'on avait l'impression que l'homme traînait avec lui une aura de tristesse. C'était comme si toute les peines du monde s'étaient réunies pour échouer dans ce corps qui semblait sous le point de s'écrouler, non, plutôt d'être réduit en bouillie sous des tonnes de larmes.

 

L'homme entra dans mon bureau et se présenta sous le nom de Karl Perrier. Il m'expliqua qu'il avait vu l'annonce que j'avais mis dans le journal en me disant qu'il croyait être un bon candidat pour le genre d'opération que je voulais faire ici. Comme je voulais vérifier ses propos, je lui fis un questionnaire en règle pour m'assurer que c'était bien un bon cobaye.

 

- Monsieur Perrier, depuis combien de temps l'événement est-il arrivé maintenant?

 

- Environ deux mois. Depuis, je suis incapable de dormir une bonne nuit et je me réveille constamment angoissé et hanté par des souvenirs et des cauchemars. J'ai perdu l'appétit.

 

- Comment vous sentez-vous en ce moment?

 

- Écoutez, croyez ce que vous voulez mais je ne suis pas suicidaire. Pourtant je souhaite juste qu'un piano à queue me tombe sur la tête. J'ai bien pleuré mais en ce moment , les larmes restent prisonnières de mon corps, elle ne veulent plus sortir.

 

«  Vous avez essayé les services d'un psychologue? » lui aie-je demandé afin de savoir s'il avait eu plusieurs recours avant de venir ici.

 

-J'ai eu quelques séances mais j'ai toujours eu l'impression qu'il essayait de me faire avoir une discussion avec moi même au lieu de vraiment écouter ce que j'avais à dire. Il semblait blasé de mes propos.

 

- Y a-t-il autre chose que nous devrions savoir à propose de vous, Monsieur Perrier?

 

- Dernièrement, le médecin m'a informé que j'avais un cancer des os. Il aimerait que je songe à l'amputation de mes deux jambes. Je n'ai pas l'intention de me faire soigner.

 

À cette déclaration, je me réjouis intérieurement. Ce type était le cobaye idéal, cela ne faisait aucun doute. Il n'avait plus rien à perdre.

 

- Très bien! Revenez me voir jeudi à 1 heure précise dans ce cas, lui dis-je. Cependant je tiens à vous informer que les chances de survie à l'opération sont très minces. Vous devrez signer des documents qui nous déchargent de toutes responsabilités. Dans le cas contraire vous deviendrez un homme célèbre, peut-être même un modèle pour tout les gens affligés du même sort. Allez mon vieux, faites vos adieux aux gens que vous aimez et prenez une cuite.

 

…..

 

Comme prévu Karl est revenu à l'avance. Mon assistant, Kamil lui a fait remplir les documents et il l'a installé dans le bloc opératoire.

 

 

- Nous allons faire une incision à la hauteur du cœur et y injecter une forte dose d’adrénaline afin de faire ressortir la fibre que nous voulons retirer. Malheureusement, nous ne pourront pas vous endormir, puis qu'il nous faut faire une vérification immédiate..il faut que l'on soit capable de vous parler afin de valider l'opération. Cependant nous nous assurerons de vous faire une anesthésie locale.

 

- Faites ce que vous avez à faire, je veux simplement que la douleur disparaisse.

 

 

 

Je me mis au travail, plein d'espoir de réussir cette opération. Je commença donc avec l'injection d'anesthésiant puis, une entaille au scalpel à la hauteur du cœur. Après des années à travailler sur ce projet, j'espérais pouvoir mettre un terme aux souffrances d'une majorité de l'humanité en commençant par cet homme et peut-être même finir par retirer le propre poids de mes douleurs qui me terrassaient depuis des années dans le désert de mes songes.

 

Après de dures années de labeur j'avais découvert que la source des symptômes n'était aucunement psychologique comme plusieurs de mes anciens collègues de travail le soutenaient, ni même issue de la raison. Donc, d'après mes recherches, je réussis à infirmer l'hypothèse de la source du malaise, le cerveau, qui n'avait absolument rien à voir avec la maladie. En fait, sa naissance provenait du cœur lui-même. Étrangement, cela me semblait tellement évident après réflexion. J'avais même réussi à isoler la fibre porteuse de cette pathologie.

 

Cette même fibre que je retirais non sans peine d'un cœur battant la chamade, imprégné de l’adrénaline que j'y avais injecté quelques secondes plus tôt. En fait, l’adrénaline était le seul moyen que je connaissais pour faire paraître la fibre minuscule sur ce cœur. Je l'enleva non sans difficulté et j'eus même fait quelques dommages sur la paroi du cœur. Cela me parut sans conséquences graves malgré le fait que je n'avais aucune idée des dommages liés au retrait du tissu.

 

- C'est fait, dis-je, comment vous sentez-vous?

 

- C'est fantastique, j'ai l'impression que plus rien ne m'atteint, je n'ai plus mal, me dit Karl, un sourire euphorique gravé sur le visage. Je ne ressens plus la tristesse, ni l'immense vide qui avait pris toute la place.

 

Soudainement, le moniteur cardiaque s'emballa dans un bruit infernal. Je vis les yeux du patient se retourner dans leur orbites. « Kamil, vite, une injection! Tenez-le! Bon sang! Nous allons le perdre! »

En un clin d’œil, la salle fut un bain de sang. Le retrait de la fibre avait fait des dommages irréversibles. Le cœur du patient avait explosé.

 

- Merde! Et dire que l'on y était presque, m'écriai-je. Kamil, nettoyez tous cela. Il va falloir trouver un autre patient. Il faut croire que ce n'est pas aujourd'hui que la science va guérir la maladie de la peine d'amour et du rejet! Bordel!

 

Le corps de Karl affichait encore un sourire étrange sous un masque de sang.

 

 

Quelque minutes plus tard, Kamil allait conduire la dépouille dans le bac à incinération. Il le balança au dessus d'une dizaine de corps qui attendaient d'être conduits aux fours à la fin du mois. Kamil regarda la dépouille une dernière fois. « Ce qu'il est facile de jeter les gens de nos jours ».

 

 

 

6 décembre 2010

Contrôle interne

Voici le défi de la séance et mon texte

Titre: Contrôle interne

Style: Fantastique

mots imposés : iodler, cycles


Contrôle interne

Peu de gens réussissent à entrer dans cet endroit parce que les paramètres de sécurité y sont extrêmement élevés. Rose avance dans la pièce. Celle-ci est vide, si ce n'est que d'un panneau avec un interrupteur sur un podium au centre. Il y a un papier scotché sur le contrôle indiquant en gras « Ne pas toucher ».

Comme la plupart des aventuriers qui pénètrent ce sanctuaire, elle ne peut s'empêcher de courir vers le commutateur et commence à le tourner d'un cran plus haut dans le sens des aiguilles d'une montre.

 

Aussitôt je me retrouve entrain de courir dans des tranchées. Des éclats d'obus éclatent de tous les côtés. Je sens les balles qui fusent autour de moi. Dans toute cette agitation et le son des explosions, l'on entend en sourdine des hurlement d'hommes. J'essaie de me concentrer à viser les artilleurs cachés dans leur fortifications mais à chaque fois que j'en élimine un, d'autres apparaissent et cela semble interminable. La tête de l'un des gars à mes côtés éclate et je reçois des morceaux de cervelle à la figure. J'en ai même dans la bouche. Je me couche sur le sol et me me mets à ramper vers un cadavre d'un soldat équipé d'un lance-flammes. Pas facile d'enlever le réservoir sur le corps d'un mort. Les artilleurs absorbés à tuer le plus possible de mes camardes ne se rendent compte que je me suis faufilé par leur flancs lorsque j'entre le bec du dragon dans une meurtrière. Mon doigt enfonce la gâchette, déversant ainsi un flot de chaleur et de mort dans l'abri. Ma rage est si grande que je prends plaisir à entendre les cris des soldats japonais enflammés.

 

Rose décide de tourner le commutateur d'un cran plus haut.

 

Un soldat sort de l'abri et tire sur le réservoir du lance-flammes. Je suis projeté dans les airs et j'ai l'étrange impression de traverser un mur de vitre qui se brise dans une pièce quand j'atterris sur le sol. Je constate que l'environnement autour de moi a changé. Je n'ai que quelques secondes pour me rendre compte que je me trouve dans la maison de mon enfance lorsqu'une main m'agrippe violemment par le cou et me plaque contre un mur. Une voix familière de mon enfance m'abreuve d'invectives. « Ça va faire! Tu vas voir que si personne peut le faire, je vais te dompter moé! » J'essaie de me libérer de sa prise, mes mains sont devenues si petites. Ma voix enfantine et tremblotante expire quelques mots : « Lâche moi ». Je reçois quelques coups de poings dans le ventre en guise de réponse avant d'être lancé sur un autre mur de la cuisine.

 

Ce n'est pas assez, Rose tourne le bouton de plus belle.

 

Mon père me prends, une main sur le col de chemise et l'autre empoignant la ceinture. Je suis éjecté vers le salon sans jamais y mettre les pieds. L'entrée de la salle se fracasse et je me mets à tomber en chute libre dans une tempête de neige. Je ne vois aucun endroit où m'agripper ni point de repère pour atterrir, malgré le fait que je ne porte aucun parachute. Comble de malheur, en guise de bruit de fond, un type n'arrête dans de iodler comme un dément. Juste au moment où je me résigne à croire que je chute sans fin dans ce froid infernal, la tempête se dissipe et le sol arrive dangereusement vite. Je n'ai que le temps de mettre mes bras au dessus de mon visage quand je percute le sol qui se brise sous mon poids pour me faire enfourcher une moto qui roule si rapidement que j'ai l'impression de franchir le mur du son. À des kilomètres devant moi, je peux apercevoir un gigantesque mur de brique. Je songe alors à ralentir mais à l'endroit où il devrait avoir une poignée d'accélération sur la moto, une branche de bois y fait office... j'ai la main sur une putain de branche de bois!

 

Rose arrive à la fin du cycle de l'interrupteur. Cette-fois ci, je n'ai pas le temps de franchir le mur que je me retrouve assis sur une chaise attaché. Rose se tient devant moi, debout avec un pistolet appuyé contre mon cœur. Elle me toise, sourire démentiel sculpté sur son visage. Les mots « Ne fait pas cela » tremblent sur mes lèvres au moment où elle appuie sur la gâchette.

- Elliott, tu m'écoutes?

Je reviens à la réalité. Mes yeux croisent les siens et Rose sait qu'elle a réussit à tuer quelque chose en moi. Parfois, les gens, ils jouent avec mon contrôle interne sans même en avoir conscience. Juste par des mots. Et c'est ce qui arrive quand la femme que vous attendez depuis des années vous apprend qu'elle est enceinte et que l'enfant n'est pas de vous.

10 novembre 2010

Corrompu

 

Voici ce que moi et mon groupe littéraire avons travaillé cette semaine:
Le sujet :corrompu 
Le style: horreur
 Les mots imposés: barbeau et pavement.
Et voici la nouvelle:
Corrompu

J'avais reçu sa lettre il y a maintenant plus de 2 mois et j'étais pressé de me rendre sur les lieux afin de voir comment j'allais pouvoir aider les gens du coin.

« Alexandre, c'est horrible, tout ce que les gens vivent ici! On a besoin de toi, tu peux sûrement nous aider »

 

Ma sœur m'avait demandé de venir le plus rapidement possible chez elle afin d'étudier un phénomène qui avait déjà décimé plus de la moitié de son village. Le cocher s'était arrêté à 2 bornes du village et m'avait dit de faire le reste de la route à pied sous prétexte que les gens de ce village étaient maudits et que l'entrée dans ce village apporterait irrémédiablement la poisse aux personnes qui osaient y mettre le pied.

 

Je fus contraint de faire le reste à pied. Sur la route je rencontrais des gens qui allaient tous dans la direction opposée, l'air épuisés, parfois malades. L'un d'entre eux m'a même fait une mise en garde me disant que je n'aurais aucun mérite ni quelque rédemption qui soit aller à mettre un pied là-bas. « Tu crois être emplit de bonté, mais là-bas, ta bonté elle va te sortir par l'arrière-train » maugréa le vieil homme.

 

C'est à l'orée du village seulement que je compris ce dont il voulait parler. Le spectacle était à glacer le sang et une odeur de cadavres brulés me montait au nez. Empilés de part et d'autres, des corps humains brûlaient en plusieurs bûchers. Je vis quelques hommes tirant des charrettes remplies de cadavres. D'autres continuaient d'alimenter les bûchers. La maison de ma sœur se trouvait à 10 minutes de marche du marché publique. L'on s'y rendait en empruntant un pont qui traversait un ruisseau infesté de barbeaux. Je m'accoudai près de la rambarde pour observer ces petites bêtes qui ne semblaient pas souffrir de la même agitation dont les gens de ce village étaient possédés. Je finis par arriver près de la maison de ma sœur que je reconnu par son pavement dont seuls quelques gens fortunés pouvaient s'offrir puisque sa conception demandait beaucoup d'esclaves. La couleur des briques rouges dont il était couvert étaient non sans rappeler celle du sang et je me demandais même s'il n'avait pas été fait avec celui des esclaves.

 

Aucune lumière. De l'extérieur, la demeure semblait avoir été laissée à l'abandon depuis quelques temps. Plusieurs plantes étaient fanés et d'autres n'avaient pas été taillées depuis bien longtemps. Je m'avançai sous le porche et entrepris de frapper à la porte d'entrée quand celle-ci s'ouvrir comme si l'on m'y avait attendu. Pourtant il n'y avait personne pour m'accueillir, seulement la noirceur. Je pris une pause avant d'entrer pour observer le spectacle derrière moi. Au loin, dans la nuit, l'on pouvait distinguer une douzaine de feux et entendre les échos de cris, de pleurs et même de rires démentiels. Mon dieu, qu'était-il donc arrivé aux habitants.

 

Je me risquai à pénétrer dans la demeure, en prenant soin d'allumer le chandelier que j'avais repéré sur une étagère dans le vestibule.

- Y'a quelqu'un?

J'entendis un bruit sourd provenant d'une pièce à l'étage supérieur. Je sorti une lame que j'avais toujours l'habitude de traîner comme tout bon docteur qui se respecte et montai les marches de l'escalier. À hauteur du pallier, j'aperçus une mince lueur provenant de l'une des portes dans le couloir. J'ouvris la porte et j'eus un haut-le-cœur. Une odeur corrompue envahissait la pièce. Je genre d'odeur tellement répugnante que l'on a l'impression qu'elle pénètre l'intérieur de la peau et transperce les os. Je portai un mouchoir à mon visage rapidement en espérant éviter de vomir. J'étirai mon bras en hauteur pour éclairer la pièce. Ma sœur et son mari croupissant dans leur lit, peau sur les os, baignés d'excréments. Puis une ombre mouvante dans le fond de la pièce, chancelante, s'avançant lentement vers moi. Je reconnu le visage de ma nièce sur un corps décharné, déshydraté, une robe de nuit souillée. Je l'entendis murmurer «  Mon oncle » puis elle s'effondra morte à mes pieds. Le vieil homme de la route avait eu raison, ici, il n'y avait aucune rédemption.

C'est en 1817, en Aise et en Afrique, que l'on a recensé la première pandémie de choléra.  

 

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26 janvier 2010

Les secondes derrière ma rétine

 

C'est par une journée particulièrement ensoleillée que je revins de mes vacances, passées dans un chalet à Labrecque, un petit village à 45 minutes de Chicoutimi. Le genre de vacances où l'on essaie de se reposer, sans jamais vraiment y arriver, tellement il y a des choses à faire, de route, de projets, de compromis (j'avais passé mon séjour avec deux amis tout de même assez vivables). Puis vint l'instant inévitable où l'on doit partir, dire au revoir à notre hôte, se disant que l'on se reprendra l'an prochain (espérant secrètement que l'on se reposera plus la prochaine fois).


Je m'étais mis en tête de conduire tout le trajet jusqu'à Granby, et ce, même si je savais que mon coloc qui m'accompagnait espérait pouvoir conduire (ce doit être l'une des choses à laquelle il prend le plus plaisir dans sa vie ). Mais c'était hors de question pour moi. J'avais un souvenir de mon père, pendant les vacances de ma jeunesse, qui roulait pendant des heures sans se plaindre pour nous faire connaître des coins de pays que moi et mes frères n'avions jamais explorés. Je m'étais toujours dit que lorsque j'aurai son âge, j'allais pouvoir en faire autant, partir, faire de la route, libre, sans contraintes. En fait, ce devait bien être la seule chose que j'aie jamais envié de la vie de mon père.


La route était sans glace et le soleil semblait être là pour rester. Nous passâmes par Chicoutimi, ville où j'ai un pincement au cœur à chaque arrêts, puisque je l'avais quitté sans jamais vraiment vouloir y dire adieu. Trop de visages, de paysages, de souvenirs agréables sont rattachés à cet endroit où j'ai vécu 4 ans, laissant une trace indélébile dans ma boîte à penser.


Cette route, je la connaissais par cœur, l'ayant fait à maintes reprises par le passé. Comme à mon habitude, le trajet serai constitué de trois haltes, histoire d'utiliser les commodités locales, et reposer un dos meurtri par une hernie discale capricieuse. De ce fait après 105 minutes de route l'incontournable était la pause à l'Étape, halte routière au milieu du parc des Laurentides puisqu'il n'y a rien d'autre entre Chicoutimi et Québec, si ce n'est que des milliers d'arbres et des chalets d'ermites.


L'Étape est un endroit très fréquenté parce qu'il est le seul où l'on peut faire le plein d'essence, casser la croûte ou faire certains besoins dont la nature nous a pourvus sans avoir à partager notre intimité avec les bestioles du parc, avant de se rendre à Québec.


Et c'est à l'étape que le temps fait parfois converger nos vies pour nous accorder de douces rêveries. Des inconnus qui se rencontrent, des regards furtifs, des rêves, des cœurs qui battent à tout rompre l'espace de quelques instants.


Dans mon cas, le passé me rattrapa à ma sortie des W.C. lorsque je m'accoudai près d'une rampe pour attendre mon compagnon. De l'endroit où j'étais, j'avais une vue complète de la salle à manger et je me mis en tête de faire ce à quoi j'étais le meilleur dans les lieux bondés d'êtres humains, regarder sans vraiment regarder, écouter des conversations sans vraiment écouter (la plupart du temps des banalités du genre « T'chècque le gars! » ou « On mange quoi ce soir? »). Aussi très souvent mon regard sonde l'endroit pour essayer de trouver quelque chose d'inhabituel ou joli à regarder (Oui, en effet, j'adore perdre mon regard sur de longs cheveux, des yeux pétillants et des jolis sourires.).


Puis le temps me prit en charge, de plein fouet, lorsque mes yeux se posèrent sur un visage que je connaissais, un visage que je ne croyais jamais revoir en vrai. Elle se tenait là, devant moi, assise à une table avec d'autres visages qui ne me semblaient pas inconnus. Une femme que j'avais entrevue pendant les cours universitaires. Je ne la connaissais pas vraiment personnellement. Le genre de femme qui est inaccessible pour toutes les raisons que le monde s'est chargé de mettre lui-même entre nous; trop jolie, trop brillante, trop ambitieuse, trop mariée ( Peut-on l'être?) et dans tous les cas, trop bien pour une personne de mon calibre.

J'aurai bien pu aller la voir, lui dire bonjour. Par politesse, elle me l'aurait bien rendu. Mais je préférai rester sur place, l'observer. En fait, j'étais paralysé, par l'idée d'aller la voir, ayant peur de me faire retirer un moment de contemplation, de rêverie. Vous savez, parfois, lorsque la réalité nous rattrape, elle est souvent empreinte de « si j'avais » et de « j'aurais dû » et de « si seulement ». Difficile à supporter pour les âmes blessées.


Je ne sais pas combien de temps je suis resté là (une minute tout au plus), j'aurais bien aimé que le temps s'immobilise. Mais elle a levé la tête et ses yeux ont rencontrés les miens, pour une fraction de seconde.


Et tout a fait une chute en même temps; mon cœur qui veut sortir de ma poitrine, une « bine » sur mon épaule, puis une voix qui vient me sortir de ma léthargie.

- Heille! Pelletier, amène toi, il nous reste du chemin à faire!


Je l'ai regardé une dernière fois, puis sur une note de soupir, je suis parti.


J'ai repris la route sous un magnifique soleil d'hiver, mi-amer, mi- heureux d'avoir eu une parcelle d'elle incrustée derrière la rétine de mes yeux.


La route était magnifique...

 

13 décembre 2009

Mémoire blanche

La tempête, dehors, en dedans, autant sur la route que dans ma tête. Les essuies-glace qui vont et viennent, bruit de caoutchouc sur la vitre, la blancheur aveuglante de l'horizon. Moi, perdu dans mes pensés autant que dans le blizzard.

 

Un pincement au cœur, une phrase qui se répercute dans ma tête « Elle ne m'aime pas ». En route vers le travail, toujours entrain de me demander comment je fais pour continuer, comme si rien ne s'était produit. La visibilité est nulle sur la route, je ne distingue que les silhouettes des voitures lorsque leurs phares atteignent le début du capot de ma voiture.

 

Mon histoire est comme celle de tous les autres dont l'amour est passé de l'espoir, s'élevant vers certains cieux pour finir en descente hivernale. J'y ai cru de toutes mes forces, cet étrange bonheur. Mais en un clin d'œil, elle a décidé que je n'étais pas ce qu'elle voulait, que je n'étais pas assez bien pour elle, pas ce qu'elle attendait de la vie. Non, en fait, elle ne m'a donné aucune raison si ce n'est qu'elle ne savait pas ce qu'elle voulait. De mauvaises nuits d'insomnie, de tristesses, de oui-dires, de « Peut-être que si ». Et maintenant des journées à faire semblant que tout va bien, à continuer de faire tourner tout mon monde pendant que je suis poignardé de l'intérieur. Comme j'aimerai oublier, comme j'aimerai ne plus me souvenir que je l'aime.

 

J'essaie de garder mon attention sur la route ou plutôt de garder la voiture sur celle-ci, quand mon attention est attirée vers une ombre pas très grande sur le bord de la route. An milieu de cet enfer blanc se tient un jeune enfant, le pouce vers le haut. J'arrête la voiture sur un semblant de bordure.

- Où tu vas jeune homme?

- Waterloo.

- Allez, ne reste pas là! Entre te réchauffer un peu.

Son visage me semble familier. Il ne semble pas avoir plus de 10 ans. Je reprends la route, essayant de camoufler l'inquiétude ressentie à la vue du visage de l'enfant. Étrangement, il me ressemble à son âge. J'essaie de discuter pour détendre l'atmosphère

- Je m'appelle Marc

- Moi aussi.

- Tiens, c'est drôle hein! On a le même nom. Et tu vas te rendre où par un temps pareil?

Il ne répond pas à la question et se contente de regarder dehors.

- Dis, est-ce que tu vas bien?

- Mieux que vous, c'est certain...

Il s'écoule presqu'une minute avant que je me décide de parler à nouveau.

- Comment ça, mieux que moi?

- Vous avez de la peine, vous ne comprenez pas pourquoi les choses se passent ainsi et vous avez l'impression que l'amour est injuste avec vous.

 

Je m'empresse d'arrêter la voiture sur le bas-côté de la route. Pendant un court instant, je fixe les rafales de neige. On peut voir des lames de vents et mêlées aux flocons flotter sur la chassée blanche. Puis je me tourne vers lui.

- Qui es-tu? Que sais-tu à propos de moi?

- Cela n'a pas vraiment d'importance. Ce qui en a pour le moment, c'est vous.

Je me fâche et élève la voix.

- Tu n'y connais rien à ma vie! Fout le camp, sors de ma voiture!

- Je peux vous aider! Si l'on vous donnait la chance de tout oublier, la prendriez-vous?

 

Sa voix semble sincère et suppliante. Je sors de ma voiture et j'ouvre brusquement la portière du côté passager.

- Va-t'en, allez, trouve quelqu'un autre à emmerder!

- La douleur, je peux vous aider à l'oublier.

 

Épuisé par dix-mille émotions, je m'agenouille sur le sol.

- Si tu savais comme je suis fatigué d'essayer..

- Tout ira bien maintenant.

L'enfant pose ses deux mains sur mes tempes.

 

Ce même matin, je ne me suis jamais présenté au travail. Et 2 mois plus tard, le propriétaire de mon logement a reloué celui-ci, puisqu'il ne m'a jamais revu.

15 novembre 2009

Cube de glace

Quand je me suis éveillé, j'étais couché sur un sol glacé. Terriblement glacé. Tellement qu'il était recouvert de givre. Les murs aussi. En fait, toute la pièce était dans cet état. J'ai d'abord cru à une chambre froide, mais il y avait un mobilier, complètement recouvert de givre lui aussi. Puis je me suis levé. Nu comme Adam. Étrangement, je n'avais pas froid, aucun frisson. Je me suis mis à regarder autour pour trouver des vêtements. Tout était gelé, impossible d'ouvrir les tiroirs de la commode. Alors je suis sorti de la pièce après m'être battu avec une porte glacé. Partout, que du givre. La lumière du soleil qui traversait les fenêtres diaphanes donnait un aspect irréel à l'endroit que je reconnus puisqu'il s'agissait de mon appartement. Que c'était-il passé? J'essayai de démarrer le chauffage puis le four, mais sans succès, le courant semblait absent. J'ai dû prendre l'un de mes manteaux et l'enrouler, givré, autour de ma taille. Mon corps ne semblait pas souffrir du froid, ni même d'engelures. Je me suis risqué dehors pour constater que tout était recouvert d'un couche de givre blanc à perte de vue. Aucun mouvement, aucun signe de vie, seulement un paysage désertique. Je me suis mis à déambuler dans mon quartier à la recherche d'une âme qui vive quand je me suis arrêté pour examiner une camionnette arrêtée au milieu de la rue. À l'intérieur je pouvais voir 4 personnes, sûrement un couple et leurs enfants. Un spectacle effroyable s'offrait à ma vue. Ils étaient complètement glacés, les visages tordus de douleur à cause d'une mort qui avait due être très souffrante. Je me suis éloigné du véhicule en courant pour me diriger vers l'hôpital où Léa, ma compagne de tous les jours devait être. J'espérais la trouver, encore vivant. Pouvoir la prendre dans mes bras. J'avais l'impression qu'il s'était écoulé une éternité depuis la dernière fois que je l'avais embrassée. J'étais même incapable de me rappeler quand je m'étais endormi et je n'avais aucune idée du temps qui s'était écoulé depuis. Dix minutes de course m'avaient fait découvrir une ville glacée, un champ de bataille, d'amas de tôles écrasées, de cadavres frigorifiées. J'arrivai à l'hôpital et je dus fracasser une vitre de porte automatique avec la marchette d'un vieillard congelé sur la pelouse près de l'entrée. Je crois même que l'un de ses doigts est resté collé sur celle-ci. J'entrai et me mis en course vers le service des urgences. En arrivant dans la pièce ne puis qu'assister, impuissant, à la scène figée, d'une cinquantaine de personnes mortes dans les douleurs plus atroces. Puis je vis Léa, plâtrée dans le givre. Elle n'avait pas l'air d'avoir vraiment souffert. Elle avait le regard d'une personne résignée, immortalisée debout au milieu de la salle d'attente. La lumière filtrée par la glace lui donnait l'aspect d'un ange figé dans l'éternité. J'aurais aimé la prendre dans mes bras une dernière fois mais j'avais trop peur qu'elle se brise, que son corps éclate à mon contact. Je me suis mis à pleurer. Mes larmes gelèrent avant même d'avoir touché le sol. Je suis sorti de cet endroit et j'ai marché longtemps, vers le Sud, espérant trouver de la vie. Après quelques jours je marche, j'ai vu au loin un paysage verdoyant. Puis des gens et des véhicules militaires qui semblaient former un barrage routier aux limites des terres givrées. Je me suis dirigé vers eux. - Hé, y'a un survivant! Toi, viens ici! Les militaires semblaient affolés. J'étais à moins de 5 mètres d'eux quand j'ai posé un pied sur le gazon. À son contact, le givre s'est mis à avancer, à glisser sur le terrain et à grimper rapidement sur toutes les personnes présentes qui sont mortes en hurlant dans une confusion totale. Pourtant, moi j'étais encore là. Encore vivant. J'étais effrayé. Je ne comprenais pas ce qui ce passait. En regardant autour de moi sur le sol givré, j'ai vu une marguerite qui avait été épargnée. Je me suis penché pour la cueillir. Ce n'est qu'en entrant en contact avec elle, que j'ai compris. À mon toucher, celle-ci s'est congelée. J'ai posé mon regard vers le paysage verdoyant, puis de l'autre côté vers le chaos désertique. Finalement je suis retourné vers le nord sachant très bien que je ne pourrais plus jamais être en présence de vie autour de moi..
17 septembre 2009

Le dernier

Elles ont acquiescé que c'était la meilleure solution pour le bien commun de tous. Certains connards se sont même rangés de leur côté. Pour ma part j'avais trouvé que c'était bien l'idée la plus stupide que quelqu'un avait pu avoir depuis le clonage de Maurice Duplessis  en 2033 pour lui faire un payer ses crimes commis pendant la « grande noirceur » C'est vrai, pourquoi faire revenir des cons? Plus moyen de reposer en paix, même quand t'es mort.

Mais cette solution, la présidente des Pays-Unis a dit qu'elle apporterait un nouveau souffle d'espoir pour toute l'humanité, le fameux rêve de la paix dans le monde qui referait surface. C'est que des génies  en génétiques venaient d'isoler le fameux gène porteur de toute la violence. Grâce à une petite opération, le plus grand tyran pouvait être transformé en gentil petit homme. Et allez savoir comment, ils ont eu des volontaires pour leurs expériences, qui ont donnés des résultats si concluants, si convaincants que la président des Pays-Unis a décrété une loi mondiale (je soupçonne le complot d'une féministe fanatique). Il y a maintenant près d'un an, elle disait : «  D'ici un mois, tous les hommes de la terre auront eu cette opération. »  Pour tous les problèmes et les résultats inattendus, les génies de la génétique auraient une solution.

Ah, mais il y a quand même eu de la résistance du côté masculin je dois dire, puisque j'en fais partie moi-même.  Disons que les effets secondaires  que j'ai pu observer de mes collègues de travail ayant subit cette foutue opération sont contre nature. Perte de pilosité, petite voix, perte de désirs, augmentation de poids (et c'est pas du muscle) sont quelques uns des nombreux effets secondaires que j'ai pu observé. Une opération dont on ressort changé et qui nous marque pour le reste de la vie. J'avais même entendu dire que certains en avait fait un rituel religieux, puisque qu'un bambin devait impérativement subir  l'opération avant son cinquième anniversaire.

J'en suis devenu vraiment triste. Depuis quelque mois, j'ai remarqué qu'il y a moins d'action dans les rues. Les nouvelles à la télévisions sont seulement des bonnes nouvelles. On commence à jeter toutes les armes à la poubelle et les films d'action sont maintenant interdit. Un vrai monde conçu pour des lopettes vient de naître. Cela me fait vomir.

D'autant plus que je viens de me faire prendre, moi, le dernier des vrais mecs, je me suis fait prendre dans un bar de stripteaseuses clandestin. La présidente des Pays-Unis s'est même déplacée pour faire un discours avant mon opération qui est devenue un événement télévisé. Je suis maintenant menotté  sur une table, nu, devant des dizaines de caméras et des centaines de spectateurs en soif de cirque.

Puis la présidente a débuté son discours: Mesdames, Messieurs, c'est avec beaucoup d'excitation que je vous annonce que nous avons capturé  le dernier homme  contaminé par l'hormone que l'on appelle « testostérone ».  Afin d'excuser le délai de nos interventions, nous vous offrons donc ce soir d'être témoins de la fin de la violence sur la terre par l'intermédiaire de cette opération télévisée. Félicitons-nous  et chérissons ce moment historique! »

J'aurais bien voulu gueuler, lui dire à cette salope que d'autres viendraient, qu'un jour, l'humanité n'aurait d'autre choix que de se tourner vers des vrais hommes pour se défendre. Mais ils ont eu la sagesse de me bâillonner et j'étais trop occupé à regarder les chirurgiens affairés se demandant dans quel sens ils allaient faire l'opération. Et je me suis mis à pleurer, preuve qu'ils avait réussi leur opération, même si un homme, ça ne pleure pas. Et ce n'était plus grave de pleurer, parce que l'on est plus un homme quand l'on a plus ses couilles...

19 avril 2009

Certains post-ados à Granby..

Je vais encore avoir l'impression de me plaindre des gens de Granby, mais comme j'ai une chronique dédiée à cela, je ne vais pas me priver. Il y a de ces événements qui vous procurent quelques frustrations dont je me passerai volontiers mais il faut croire que les comportements humains le veulent autrement.


C'est qu'hier, en revenant que quelques courses à pied, j'ai été dérangé dans ma bulle quotidienne. Je marchais d'un pas lent, me bourrant la face dans des jujubes Maynard (Je ne vous ai jamais dit que j'avais une dent sucrée?) lorsqu'est survenu l'infâme incident Dans cette rue (Mountain) silencieuse vers 9 heures du soir, une voiture est arrivée à ma hauteur. Puis, j'ai entendu un cri de femme, comme dans les films d'horreur venir briser ma quiétude et me donner des sueurs froides. Évidemment, j'ai sentis mon petit coeur faire un triple bond sur lui-même pendant que je m'étouffais dans mes friandises.  Rapidement, j'ai repris mes sens pour voir mes assaillants dans la voiture (4 jeunes) qui filmaient la scène avec leur téléphone cellulaire en riant. Merde, me dis-je, des jeunes qui vont se foutre de ma gueule en se tapant leur exploit sur l'ordinateur et peut-être même le foutre sur youtube. C'est que j'étais sur le bord de la crise cardiaque moi. C'est ce que l'on appelle «  Rire au dépend des autres ». Et n'allez pas croire que je n'aimais pas ce genre de farce quand j'avais leur âge, j'étais bel et bien pareil.


J'ai vu la voiture tourner dans la rue du terrain de golf, celle qui donne sur un cul-de sac. J'étais tellement fâché que j'avais envie d'arrêter chez moi (qui est sur la route), prendre un bâton de golf et aller les tabasser un peu.. Heureusement, je retiens assez bien mes frénésies et finalement, je ne fais que publier cette scène sur mon blog.


Qui sait, je suis peut-être maintenant une star sur Youtube grâce à une bande de jeunes tarés post-adolescents de Granby sans que je n'aie rien fait pour le mériter. Vive l'insouciance de certains jeunes hantés par les pensées magiques qui les rendent invincibles.


Je vous laisse, je vais me chercher sur youtube!

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