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Moi à côté de moi
6 décembre 2010

Contrôle interne

Voici le défi de la séance et mon texte

Titre: Contrôle interne

Style: Fantastique

mots imposés : iodler, cycles


Contrôle interne

Peu de gens réussissent à entrer dans cet endroit parce que les paramètres de sécurité y sont extrêmement élevés. Rose avance dans la pièce. Celle-ci est vide, si ce n'est que d'un panneau avec un interrupteur sur un podium au centre. Il y a un papier scotché sur le contrôle indiquant en gras « Ne pas toucher ».

Comme la plupart des aventuriers qui pénètrent ce sanctuaire, elle ne peut s'empêcher de courir vers le commutateur et commence à le tourner d'un cran plus haut dans le sens des aiguilles d'une montre.

 

Aussitôt je me retrouve entrain de courir dans des tranchées. Des éclats d'obus éclatent de tous les côtés. Je sens les balles qui fusent autour de moi. Dans toute cette agitation et le son des explosions, l'on entend en sourdine des hurlement d'hommes. J'essaie de me concentrer à viser les artilleurs cachés dans leur fortifications mais à chaque fois que j'en élimine un, d'autres apparaissent et cela semble interminable. La tête de l'un des gars à mes côtés éclate et je reçois des morceaux de cervelle à la figure. J'en ai même dans la bouche. Je me couche sur le sol et me me mets à ramper vers un cadavre d'un soldat équipé d'un lance-flammes. Pas facile d'enlever le réservoir sur le corps d'un mort. Les artilleurs absorbés à tuer le plus possible de mes camardes ne se rendent compte que je me suis faufilé par leur flancs lorsque j'entre le bec du dragon dans une meurtrière. Mon doigt enfonce la gâchette, déversant ainsi un flot de chaleur et de mort dans l'abri. Ma rage est si grande que je prends plaisir à entendre les cris des soldats japonais enflammés.

 

Rose décide de tourner le commutateur d'un cran plus haut.

 

Un soldat sort de l'abri et tire sur le réservoir du lance-flammes. Je suis projeté dans les airs et j'ai l'étrange impression de traverser un mur de vitre qui se brise dans une pièce quand j'atterris sur le sol. Je constate que l'environnement autour de moi a changé. Je n'ai que quelques secondes pour me rendre compte que je me trouve dans la maison de mon enfance lorsqu'une main m'agrippe violemment par le cou et me plaque contre un mur. Une voix familière de mon enfance m'abreuve d'invectives. « Ça va faire! Tu vas voir que si personne peut le faire, je vais te dompter moé! » J'essaie de me libérer de sa prise, mes mains sont devenues si petites. Ma voix enfantine et tremblotante expire quelques mots : « Lâche moi ». Je reçois quelques coups de poings dans le ventre en guise de réponse avant d'être lancé sur un autre mur de la cuisine.

 

Ce n'est pas assez, Rose tourne le bouton de plus belle.

 

Mon père me prends, une main sur le col de chemise et l'autre empoignant la ceinture. Je suis éjecté vers le salon sans jamais y mettre les pieds. L'entrée de la salle se fracasse et je me mets à tomber en chute libre dans une tempête de neige. Je ne vois aucun endroit où m'agripper ni point de repère pour atterrir, malgré le fait que je ne porte aucun parachute. Comble de malheur, en guise de bruit de fond, un type n'arrête dans de iodler comme un dément. Juste au moment où je me résigne à croire que je chute sans fin dans ce froid infernal, la tempête se dissipe et le sol arrive dangereusement vite. Je n'ai que le temps de mettre mes bras au dessus de mon visage quand je percute le sol qui se brise sous mon poids pour me faire enfourcher une moto qui roule si rapidement que j'ai l'impression de franchir le mur du son. À des kilomètres devant moi, je peux apercevoir un gigantesque mur de brique. Je songe alors à ralentir mais à l'endroit où il devrait avoir une poignée d'accélération sur la moto, une branche de bois y fait office... j'ai la main sur une putain de branche de bois!

 

Rose arrive à la fin du cycle de l'interrupteur. Cette-fois ci, je n'ai pas le temps de franchir le mur que je me retrouve assis sur une chaise attaché. Rose se tient devant moi, debout avec un pistolet appuyé contre mon cœur. Elle me toise, sourire démentiel sculpté sur son visage. Les mots « Ne fait pas cela » tremblent sur mes lèvres au moment où elle appuie sur la gâchette.

- Elliott, tu m'écoutes?

Je reviens à la réalité. Mes yeux croisent les siens et Rose sait qu'elle a réussit à tuer quelque chose en moi. Parfois, les gens, ils jouent avec mon contrôle interne sans même en avoir conscience. Juste par des mots. Et c'est ce qui arrive quand la femme que vous attendez depuis des années vous apprend qu'elle est enceinte et que l'enfant n'est pas de vous.

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