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Moi à côté de moi
1 avril 2014

Code bleu

Étendu, sur le sol, froid. Il y avait des gens qui couraient dans tous les sens. La panique total, mais personne ne s'arrêtait. Sauf le temps. Pour moi. Impossible de dire depuis combien de temps je suis là. Mais je ne peux plus bouger, les forces me manquent. Je vois des gens , surtout des enfants, qui se bousculent pour aller vers la sortie la plus proche. Enfin, je présume qu'ils vont vers la sortie, mon champ de vision est très limité, puisque je suis étendu sur le côté gauche. Je les vois juste fuir en essayant de m'éviter, puis disparaître. Certains doivent crier, parce que je vois bien leur bouche s'ouvrir, mais je n'entends aucun son. Petites filles et garçons pleurent en courant. J'ai l'impression de jouer dans un mauvais film où je suis le banal figurant, M. Nobody et que ma scène est terminée.

 

Tiens, il y a bien une sensation maintenant, quelque chose de chaud, liquide, qui coule sous mon flanc gauche. Gluant, visqueux, rouge. Je pense que c'est mon sang. Je suis entrain de me vider de mon sang sur le plancher. C'est ça! Je ne croyais vraiment pas que j'allais finir comme ça.. c'est qu'il commence à en avoir beaucoup et comme personne ne s'arrête, je me doute bien que je vais finir par y passer. J'ai l'impression de flotter sur un océan rouge écarlate. Je ne me souvenais pas que mon sang avait une couleur si attrayante. Je devrais peut-être m'y laisser sombrer. Il commence à faire sombre et la chaleur y est attirante. Si je dois y aller, pourquoi mon dernier soupir devrait être inconfortable. Je ferme les yeux.

 

Puis, une sensation de tapotement. Quelqu'un m'agace, crie dans mes oreilles. Moi qui pensait que je n'entendais plus rien, j'entends pleurer, mais ça semble très loin. le bruit assourdissant d'une alarme d'incendie enterre la voix d'une fillette. Puis un cri étouffé. Un homme passe devant moi et il tire la petite fille d'une main, brandissant un pistolet automatique dans une main. Un G18, je crois. Comment a-t-il fait pour se procurer une arme de ce genre? Je veux dire, ce n'est pas banal d'avoir une arme de ce type. La petite se débat mais il lui serre le poignet d'une force excessive. Si ce n'est pas cassé, ça va laisser une marque pour sûr.

 

 

J'essaie de trouver dans ma mémoire ce qu'il est arrivé pour que je sois dans cette posture. Je commence à trouver cela très désagréable. L'agresseur lui a mis l'arme sur le front de l'enfant. Je crois que je n'aurais pas le choix, paradis ou pas, je vais devoir sortir de ma marre, parce que je ne me pardonnerai pas d'avoir laissé tomber cette petite. L'homme a le dos tourné vers une porte et crie des injures à qui veut bien l'entendre. Où est mon pistolet? Oui, c'est ça, dans ma main, baigné dans le sang. Les images sont floues. Un code bleu...une course dans des corridors remplis de casiers à chercher. Puis une alarme de feu. Des enfants qui sortent des salles de classes en pleurant, en hurlant. Deux balles. Une épaule en bouillie et des cotes éclatés. Je me suis fait prendre comme un débutant.

 

Ma main agrippe le pupitre près de moi, je ne sais même pas comment je réussis à trouver la force de me lever. J'ai perdu du sang, beaucoup trop. Je lève l'arme et j'essaie de viser ta bien que mal la tête. J'ai l'impression de sentir chaque battements de mon cœur dans mon index. Je n'aurais jamais cru que d'appuyer sur une détente pouvait être aussi pénible. Une déflagration, l'homme s'écroule sur le sol, le crâne en bouillie. La petite a le visage éclaboussé de restants de chair et de fragments de cerveau.

 

Elle se met à hurler et à pleurer près de l'homme, puis se blottie auprès de lui. Elle lève la tête, à la recherche d'une aide quelconque. Je commence à comprendre, qu'elle ne viendra pas m'aider.

-Papa, reste!

 

Moi qui pensait avoir la conscience tranquille. Je me demande s'il y a un paradis pour les gens comme moi...

 

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