Les nouvelles dans le journal étaient aussi mauvaises qu’à l’habitude. Et c’était inévitable, j’aillais me sentir triste pour le reste de la journée.

- Doris, rapporte-moi un morceau de tarte aux pommes à la mode, dis-je à la serveuse du restaurant.

La tarte arriva devant moi avec une rapidité étonnante. Et c’était le seul son que l’on entendit dans le dinner. Le temps semblait s’être arrêté. Je contemplais les images qui faisaient la une du journal de Montréal cette semaine. Il y avait eu un triple à

homicide, incluant un enfant dans la tragédie. Les victimes avaient été tirées à bout portant, par un homme qui n’avait pas accepté son divorce.

En tournant la page, je tombai sur un écrasement d’avion au Portugal. On parlait d’un attenta terroriste. 156 victimes. Encore de la violence. À croire que les êtres humains n’avaient aucun respect pour leurs pairs. Dire que l’être humain avait évolué au cours des siècles me semblait ironique. Je me sentais profondément accablé par les nouvelles. La crème glacé sur ma tarte eut le temps de fondre en entier.

La serveuse s’approchait de moi, mains tremblantes avec une tasse de café.

- Tenez, c’est la maison qui offre… ne nous faîtes pas de mal svp dit-elle dans un sanglot étouffé.

Je me retournais pour observer les gens autour de moi. Il devait y avoir 6 personnes dans le dinner qui attendaient effrayés que j’agisse. Mes yeux croisèrent de nouveau le journal, l’image de la plaie d'acier béante dans la coque de l’avion. Une vague ombre d’amertume passait dans mes yeux. Quel monde pourri..

- Je voulais juste prendre une pointe de tarte, répondis-je à la serveuse.

Je me levai de mon banc, lançai quelques billets sur le comptoir et ramassai mon revolver que j’avais laissé près de mon assiette. En sortant du resto, j’entendis la serveuse s’écrouler en pleurant derrière son comptoir et je vis que l’un des clients s’était pissé dessus. Me vint à l’esprit que je détestais la haine et la peur. Ça n’aurait jamais dû exister.

Je traversais calmement la rue pour me rendre devant la Caisse populaire qui était face au Dinner puis jetai un coup d’œil sur ma montre. Parfait, j’étais dans les temps! Un fourgon entra dans mon champ de vision. Calmement, je levai mon pistolet pour tirer une balle sur le conducteur. La balle n’avait pas traversé la vitre, mais cela avait suffit à déstabiliser la conduite du chauffeur. Il donna un coup de volant vers la droite et le fourgon perdit l’équilibre pour glisser de côté dans la rue. Le véhicule passait à côté de moi sans que j’aie à me déplacer.

Finalement, ça allait être une belle journée pour un vol de fourgon.

Ironie

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