Quand j’ai ouvert les yeux, ce qui m’a frappé, c’était la clarté de la pièce dans laquelle je me trouvais. Tout était blanc, les murs, le plafond, le plancher, même le peu de mobilier, comprenant en totalité une chaise était blanc.

Autre chose. Malgré l’absence de portes, de fenêtres et de sources de lumière, je pouvais voir les 4 murs de la pièce, comme si l’obscurité n’avait jamais atteint cette partie du monde. Je ne voyais pas mon ombre non plus.

Je commençais à me sentir inconfortable et me mis rapidement à palper les murs à la recherche d’une porte dissimulée, à sonder le sol pour y trouver une trappe, à scruter les moindres imperfections du plafond.

Rien.

Seulement le blanc, seulement le néant blanc entre 4 murs.

Je finis par m’asseoir sur la chaise. Comment j’étais arrivé ici, je ne m’en souvenais pas. En fait, je ne me souvenais de rien. Je ne me rappelais pas de mon nom, je ne savais pas si j’avais une famille ou même si j’avais connu l’amour. J’avais l’impression que ma mémoire avait été peinturée de la même couleur que la pièce. J’eus le réflexe de chercher un portefeuille dans l’espoir d’y trouver une pièce d’identité, mais je n’avais aucune poche. À cet instant même, mes yeux se portèrent sur mes vêtements. Pourquoi ça ne m’avait pas intrigué avant? Mes vêtements étaient complètements noirs, comprenant une chemise et un pantalon…mais pas de chaussures, ni de chaussettes. Impossible de me rappeler pourquoi..

Je me risquai à crier quelques mots, dans l’espoir d’avoir un signe de vie, mais la moindre parole m’était pénible à entendre, comme si mes tympans allaient exploser. J’en avais assez. Je risquai un coup de poing dans le mur pour regretter aussitôt mon geste. Ces murs n’étaient décidément pas en carton. Je me rendis à l’évidence, après avoir frappé la chaise contre les murs et le plancher (étonnamment, elle résista à tous mes assauts). Il n’y avait rien à faire. J’ai relevé ma chaise et je me suis assis au milieu de la pièce.

Une bille noir dans une boîte blanche.

J’ai fermé les yeux et je me suis endormi.

Je me suis éveillé en sursaut, croyant avoir entendu un son différent de ma respiration. En regardant autour de moi, j’ai constaté un changement, puis un mouvement. Sur le sol devant moi, reposait une goutte de liquide noirâtre. Vint se loger une autre goutte, puis une autre. En levant les yeux, je remarquai un point noir au plafond d’où semblait vouloir s’écouler d’autres gouttes. Je touchais le liquide; il était gluant en sentait l’huile moteur. C’était noir comme du pétrole. La fuite au plafond ne semblait pas vouloir s’arrêter. Le son de chaque goutte qui toucha le sol résonnait dans toute la pièce. Bientôt, une mare se forma sur le plancher. Au début, je me suis dit que cette fuite allait s’arrêter d’elle-même, mais après une vingtaine de minutes, les quelques gouttes se sont transformées en jet. Puis le sol s’est rempli.

À ce moment, j’ai commencé à péter les plombs, parce que je me suis dit que l’on voulait remplir cette pièce avec moi à l’intérieur. J’ai paniqué, je me suis mis à crier, à frapper les murs, le plancher, à balancer la chaise dans toutes les directions. Ce liquide, peu importe ce qu’il fut, étais glacé. À son contact, j’avais l’impression qu’il pénétrait ma peau et me gelait les os. J’eu tôt fait de me mettre debout sur ma chaise, mais après quelques minutes, celle-ci était déjà recouverte. Puis vint les cuisses, puis la ceinture. Je ne sentais plus le bas de mon corps. J’essayais de nager autant que je pouvais dans cette marrée noir, mais je n’avais rien pour m’agripper. Si je mourrais noyé, j’allais mourir d’épuisement. L’idée m’avait traversé. Allais-je mourir dans quelques minutes? Sans savoir où j’étais, sans connaître mon passé, ce que j’avais fait, mon futur, mon nom? Le liquide m’arrivait maintenant au cou. J’avais l’impression qu’il s’infiltrait à l’intérieur de mon être et recouvrait mon cœur tranquillement. On aurait dit qu’il ralentissait les battements de celui-ci. Personne ne se soucierait de ma disparition et je n’avais aucun souvenir d’un être cher, d’un amour, je n’avais rien du tout. Et pourtant, je voulais vivre de toutes mes forces. Mes pieds ne touchaient plus la chaise et le plafond arrivait dangereusement. Bientôt, je n’aurais plus d’air.

Puis j’ai eu cette huile par-dessus la tête. J’avais si froid. Même les yeux fermés, j’avais la sensation que ce liquide s’infiltrait sous mes paupières pour venir gruger tout le blanc de mes globes oculaires. J’ai commencé à manquer d’air. Tous mes espoirs de vivre s’envolaient, c’était la fin pour moi, mais je ne savais même pas si j’avais vraiment existé.

Je flottais dans ce néant liquide, ce néant glacial. J’avais arrêté de me débattre. Je pouvais pratiquement entendre les derniers battements de mon cœur.

Puis, sans prévenir, la pièce s’est vidée en une fraction de seconde. Ce pétrole était aspiré par les murs. Mon corps a frappé le sol. Le reste du liquide était aspiré par le sol.

Une porte est apparue au milieu de l’un des murs et s’est entrouverte. De l,autre côté, je ne pouvais distinguer que de la lumière, encore plus brillant que la clarté de cette pièce au début, un autre néant blanc. J’hésita un instant, puis me dirigeai vers l’ouverture. Peu importe ce qu’il y avait de l’autre côté, j’avais besoin de réponses et pour l’instant, tout me semblait mieux que la mort.

La pièce

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